La grammaire est une chanson douce, nouvelle francophone de Erik Orsenna
« Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue : Je t’aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase. Il me sembla qu’elle nous parlait :
- Je suis un peu fatigué. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète "Je t’aime". Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. »
Un ouvrage dont j’avais entendu parler, pourtant je n’avais pas eu l’occasion de me le procurer. C’est une brocante qu’il l’a mis entre mes mains. J’ai longuement hésité pour le classer, c’est vrai qu’il est illustré tel un livre pour la jeunesse pourtant j’ai décidé de le mettre dans les romans et nouvelles (libre à Eidô de le changer de place quand il l’aura lu) car c’est une histoire à mettre entre toutes les mains. Un roman qui nous parle des mots, de leurs vies, de leurs fonctions et surtout qui nous montrent leur importance. Tout ça à travers l’histoire de Jeanne et Thomas qui à la suite d’un naufrage ont perdu la parole et vont devoir apprendre à apprivoiser les mots pour retrouver la parole. Une histoire amusante et qui se lit rapidement. Erik Orsenna donne dans cette œuvre le moyen de se réconcilier avec les mots. A lire absolument.