Toutes les promenades se ressemblent, les longues marches à travers la ville, la campagne, la forêt, à travers un paysage... La météo n'est pas une gêne, qu'il pleuve ou qu'il vente, marcher les yeux grands ouverts semble la seule chose nécessaire.
Mais, pourquoi ces promenades... Ne sont-elles un moyen d'aérer son esprit ? Un esprit qui analyse, classe et enregistre les informations qu'il reçoit, apportant un nouvel élément au service de notre imagination.
Chaque samedi, comme un rituel, nous voyageons à travers Paris... Toujours Paris... Ce n'est plus une ville, mais un champs d'exploration.
Samedi dernier, sous les meilleurs hospices pour ce dernier week-end hivernal, nous entreprîmes enfin l'ascension des escaliers de Montmartre. Pour cette raison au combien bénéfique, physiquement et spirituellement, nous descendîmes le grand escalier de la gare Saint Lazare. Ah Paris, la foule, la circulation, la pollution... Non, bizarrement, ce matin là, cour de Rome, aucune image urbaine ne venait nous frapper. Devant cette accalmie urbaine, notre marche commença vers l'Est. La rue Saint Lazare était bien triste sous ce ciel gris, régulière, droite et rigide, telle que Haussmann l'avait imaginé. Elle était bien loin des salons chargés et bigarrés du Second Empire. Heureusement, telle une perle ternie au milieu de la rivière, la Trinité apparaissait, semblait-il, en effet le parvis en pleine restauration ne laissait entrevoir que ces palissades en tôle. Même le jardin, son écrin vert engourdi par l'hiver, perdait tout son charme. Nous quittions enfin Haussmann pour rejoindre l'étroitesse de Jean Philippe Pigalle. La rue étroite, épargnée par les grands travaux, offrait une longue perspective vers un infini que nous allions découvrir. Nous suivions les bordures granitiques des trottoirs, parfois des pavés oubliés effleuraient de la chaussée, nous rappelant un passé encore proche. L'infini, la fin, une place, non un carrefour plus important que les autres s'étalait devant nous, arborant pompeusement son titre de place. Nous la contournions en bon piéton réfléchi, car, même si la circulation semblait réduite, le boulevard de Clichy ne voyait jamais le flot de véhicules se tarir. Nous quittâmes enfin cette rivière nuisible, pour suivre ce portraitiste de la pierre. Diane la Chasseresse, élancée avec son arc à la main, semblait nous montrer la voie, telle que Jean Antoine Houdon l'avait imaginée. Nous tournions dans un passé lointain, au rythme séculier des prières latines. Non, ce n'était pas le chant liturgique des Abbesses que nous entendions, mais le rythme de la jig en ce jour de la Saint Patrick, où, peut être de la reel avec tous ces tartans qui annonçait un grand match de rugby. La foule se pressait, nous fuyons vers le Mont de Martyrs. Le premier escalier se découvrit par la providence d'un lieutenant-colonel, dont l'histoire ne retiendra que le nom de Vieuville. Les marches, usées par le temps, même les trois frères ne les gravissaient plus, nous accueillaient comme dans une gravure. Au sommet, la lumière, du jardin des oliviers, éclairait cette vue époustouflante sur les toits de Paris. Nous laissions les Drevet pour rendre visite à Gabrielle, une femme dont le mari légua à la postérité le prénom de sa bien aimée. Ce ne fut qu’un court intermède, le calvaire nous attendait, marche après marche. Une récompense nous attendait, les portraitistes s’étaient donnés rendez-vous place du Tertre, mais la cohue qui y régnait nous incita à filer de plus belle. Le Mont Cenis, ce versant abrupte, apparut comme le meilleur itinéraire, un détour alpin bien calme en cette saison hivernale. Nous accompagnions un peu la solitude du Chevalier de la Barre, qui, contournant le cœur sacré, devait rire de cette situation. Nous le suivions le long de jardins, puis nous fit ses adieux en bas de son escalier pour nous confier à un autre illustre chevalier. Jean Baptiste Pierre Antoine de Monet de Lamarck, nous invite raconte sa science des êtres vivants dans un cadre bien charmeur, un jardin dégringolant sur notre droite et des immeubles à la briques chaudes sur la gauche. Mais, l’attente se faisait pressante, nous gravissions le premier escalier, quittant les théories du biologiste. Nous pouvions enfin contempler cette église romano byzantine, tout droit sortie d’un film chevaleresque. Notre récompense, ce n’était pas cette masse blanche, mais le panorama sur la ville de Paris, les plus beaux toit du monde.
Il suffit maintenant de nous envoler.