DU MAURIER Daphne - Le Monde infernal de Branwell Brontë

Daphné DU MAURIER, Le Monde infernal de Branwell Brontë, éditions Phébus, collection d'aujourd'hui étranger, Paris 2006.

Roman biographique sur Branwell Brontë, traduit de l'anglais par Jane FILLION, publication française brochée, 14x20,5cm, 318 pages dont annexes.

Daphne Du Maurier échange ici sa plume de romancière contre celle méconnue de biographe, mais la limite est vague me diriez-vous. Il existe un nombre incalculable de biographie de la famille Brontë toute autant fantaisiste les unes que les autres. Fantaisiste, en effet ce mot peut paraître fort, mais hélas c'est bien le cas, la légende s'accroît devant la vérité. C'est dans ce contexte que Daphne Du Maurier entreprit de compulser, trier, décortiquer les nombreuses sources afin de retracer la vie méconnue du frère des célèbres soeurs Brontë.


Branwell Brontë reçoit la même éducation que ses soeurs, une mère disparue trop tôt, un père révérend replié sur lui-même, et une tante dépêchée sur place qui compte régenter sans succès ce petit monde. Mais, la différence est là, Branwell est un garçon, un garçon puîné tant attendu, il est le trésor de la famille. Bercés dès leur plus jeune âge, les enfants Brontë apprennent avec assiduité que la connaissance est mère de sûreté. De cette éducation, ils vont se construire un monde imaginaire qu'ils vont retranscrire sur d'innombrables feuillets. Le révérend Brontë prend conscience des aptitudes de son fils chéri, tandis qu'il envoie ses filles dans des pensionnats lointains, il dispensera lui-même à son fils des cours. Il envisage même de le placer dans un prestigieux établissement, mais Branwell est atteint d'épilepsie, maladie qui, au 19e siècle, est considéré comme la folie, et qu'il faut absolument cacher pour ne pas subir la honte. Branwell restera donc au presbytère, abandonné par ses soeurs, compagnon de ses jeux et récits...

Avec le temps, les crises s'espacent, et finissent par disparaître. Branwell n'a qu'un rêve, voir ses poèmes publiés, mais il essuie refus sur refus, peu habitué à l'échec, il ne le comprend pas. Il tente sa chance dans divers métiers, sans abandonner pour autant son rêve, mais il sombre rapidement dans l'alcoolisme. Son orgueil sera entaché lorsqu'il apprendra que ses soeurs, sous un pseudonyme masculin, ont réussi où il a échoué.

Sa vie n'est qu'une succession de revers, malgré toutes ses tentatives et celles de sa famille, tout était vain. Il finira sa vie dans le presbytère de son enfance, auprès de sa famille, vivant au rythme d'une maladie surgie du passé. Le monde de Branwell Brontë est à l'image de celui d'Heathcliff de Wuthering Height, infernal, seule la mort fut libératrice.